J’ai cru voir un insecte en gros plan. Quelque chose ne correspond pas. Les couleurs, la structure, les vides et les pleins ou les 8 pattes ? C’est une pirogue à 8 rameurs, sur un plan d’eau et vue de haut. Dans quel sens va-t-elle ? Où est l’avant, l’arrière ? Un des rameurs d’une des extrémités serait assis dans l’autre sens. Si l’avant était en bas, la pirogue se dirigerait vers du courant. Ah non, ces embruns blanchâtres sont les ronds laissés dans l’eau par le rames. Donc la pirogue se dirige vers le haut de la photo et la majorité des rameurs tournent le dos au sens de la « course ». Je ne suis pas très bien réveillée.
Nous sommes à Tombouctou, Venise d’Afrique, sur le Zambèze. C’est la saint Benoît. Chaque année, à cette date de la mi-juillet, est organisées la plus grand régate de pirogues au monde. Il y a des centaines d’embarcations qui prennent part à la course renommée et festive. Des milliers de gens s’amassent en criant sur les rives du fleuve. C’est la fête. Cette année, la ville et le pays ont mis les petits plats dans les grands. C’est le 500ème anniversaire de la fondation de la ville. Il va de soi que sont st patron doit être honoré dignement. Mais soudain, un des rameurs tombe à l’eau. Il nage en se débattant des bras, se dirige tant bien que mal vers la maison, et des éclaboussures parviennent à mon lit. Le lecteur attentif excusera mes trop larges approximations, peut-être. Je vais me réveiller.
Mais voilà qu’il se met à pleuvoir. Les quelques gouttes qui m’ont réveillées ne sont en fait que le début ressenti au ralenti à cause de mon engourdissement d’une pluie torrentielle. Toute la pluie qui n’est pas tombée pendant les 5 dernières années semble tomber maintenant sans plus aucune retenue. La terre asséchée ne peut absorber tant d’eau à la fois. La boue de surface ainsi créée se met donc rapidement à bouger et envahir les maisons en passant sous les portes. Déjà, les dégâts s’accumulent. Tout ce qui était par terre, trempe à présent dans l’eau sale. L’eau monte inexorablement et arrive bientôt au niveau des fenêtres. C’est la débandade. Les objets les plus légers se sont déjà enfuis. Tapis et bibelots voguent au loin, à moitié enfui dans la masse boueuse et gluant. Une certitude : il faut partir. Je vais rejoindre la course et la fête sur mon lit voguant. Ce sera mon dernier sursaut de vie ; quand le niveau d’eau aura enfin baissé, que la pluie aura cessé, il ne restera que mort et désolation. (revenir à la photo un peu tristoune ?..)
Une réponse à Il pleut