Et le livre dit : »Garde-moi avec toi ! »
Et je lui ai fabriqué une sorte d’armoire ouverte, avec des étagères. Une bibliothèque.
Je lui ai trouvé des compagnons. D’autres mots et d’autres lettres.
Ses fibres, au moins, étaient au sec.
Dans mon salon, je pouvais à tout moment le saisir, n’importe quand, le re-choisir.
Quel bonheur c’était, même sans cheminée.
Mais, très vite, il s’est trouvé à l’étroit dans mon meuble Ikéa.
Les planches en mélaminé ployaient sous le poids.
Et le livre dit : « Déménage avec moi ! »
Et là, j’ai craqué. J’ai dû sélectionner, choisir sacrifier.
Garder, c’est renoncer. Partir c’est… Beaucoup jeter !
Alors, je l’ai soigneusement placé avec d’autres chefs-d’œuvres vénérés,
dans un de ces coffres du temps des châteaux, du temps des trousseaux que j’avais acheté.
Et je passais mes nuits tout à côté de lui.
Je me sentais rassurée, je dormais apaisée.
Mais re-vint le temps de déménager et mes muscles se sont dégonflés.
Quelles découvertes, c’auraient été !
Et le livre dit : « Emmène-moi avec toi.
Emmène-moi, prends-moi, lis-moi !.. »
Et pas de valise où le protéger.
Alors, je le prends sous mon bras,
prépare l’une ou l’autre infidélité,
et les garde, tout près de moi
pour ne pas tomber d’inanité.
Quel plaisir de rouler en voiture avec toi !
Une réponse à Le livre et ses meubles