Lieux Zen (encore merci, Hélène)

Soyons Zen !

 

C’est une pièce hors du temps, juste aux fondations de la maison. C’est une pièce ouverte, mais fermée. D’où je suis, j’aperçois sont petit jardin. Le sol est dallé de tatamis. La pièce, ma pièce, est là pour le repos, la méditation. Le vent frais qui peut y spiraler apporterait le ressourcement pour la paix des âmes. C’est une pièce un peu incongrue : une cave bruxelloise, non loin de l’agitation de la chaussée, du parking (un moine bouddhiste qui y léviterait, y remarquerait d’emblée, sans doute, les vibrations du métro ; le métro tout proche, là, sous la terre) ; mais c’est aussi une inspiration manifeste du zen japonais : le sol végétal géométriquement divisé et rassemblé, le dépouillement, la lumière confuse coulant de la porte d’entrée. Devrions-nous habiller sa double porte fenêtre ?

 

Seule causée

 

Rude hiver mort

Crocus en bouquets

Matinée de printemps

 

Éveil à l’aurore

Joie plénitude

Tes valises attendent

 

Aimée

Pièce maudite

Tenté quotidien

 

Irascible, elle

 

Cette pièce, je la vois, je la veux

 

Vivre, inspirer

Repos, re-souffler.

 

Vide, vider

L’absence incarnée

 

Le temps, arrêté

Un lieu à rêver.

 

Liberté

 

Un matin de printemps, je me serai levée plus tôt que d’habitude. Ma pièce, ma pièce à moi, on l’avait déjà aménagée depuis 2-3 ans. C’était un week-end, tu aimes le week-end. Tu aimes parfois dormir aussi, plus longtemps que moi, surtout le dimanche. Ta mère est morte, la mienne, veuve, s’est acheté un appartement dans ses quartiers. Ma sœur, vivant tout près, s’occuperait bien d’elle.

Je m’installerai à la table basse, posée là afin que je puisse y écrire. La descente craquante des escaliers m’aurait déjà mise dans l’ambiance. Peur, du silence, du bruit. C’est inévitable, tu te réveilles quand même à chaque fois. Et puis, hors de portée de ton ouïe, de tes humeur aussi, je me serai dirigée, cherchant les interrupteurs jusqu’au bout du tunnel éclairé du levé du soleil.

Matinée ou matin, bien que tu en eus du chagrin, je m’y retrouverai pour t’écrire et l’apprivoiser…

 

Adresse

 

A toi qui pénètre ici, ne permets à quiconque de t’y tourmenter,
mais laisses-y toi plutôt inspirer car Céline un jour aussi t’y aurait créé.

 

Chère question maison,

 

Nous avons déménagé, il y a plus de 5 ans. Jusqu’à cette époque, nous vivions dans un appartement un peu juste, un peu étroit pour contenir toutes nos affaires. Une partie d’entre elles était d’ailleurs dispersées, soit au garde-meuble, soit chez mes parents,… Nous allions faire nos lessives au lavoir , ramenant une partie de notre linge encore humide, pour le faire sécher sur un portique, au dessus de la baignoire.

La maison que nous avons achetée et fait rénovée en grande partie est spacieuse. Un peu trop grande pour deux peut-être , mais mieux vaut cela, sans doute. Comme notre installation devenait plus définitive, mes parents nous ont offert l’argent pour l’achat d’une machine à laver et d’un séchoir.

Très vite, nous avons situé notre buanderie dans les caves. Je parle bien des caves, car, dans ces 60 m2 à moitié enfouis dans le sol, il y avait déjà bien 7 pièces, toutes munies de leurs nombreuses portes. Deux de ces pièces enterrées donnent sur le jardin. L’une est à la fin du couloir, du hall et de l’escalier : c’est la buanderie, l’autre est munie d’une grande porte coulissante vitrée. Nous rêvions d’en faire une salle d’expo, de son annexe, un futur labo photo. Nous avons donc rapidement déclaré disposer d’un « atelier ». Mais…le temps et les nombreuses lessives ayant passé…

 

Un beau jour… à Chouchou, le lavendier.

 

Nous séchions à la la machine, tout ce que nos sensibilités réclamaient de doux pour la peau mais que nous ne pouvions cependant repasser. Les essuies, le petit linge, les marcels d’Alain, du coton et tissus éponge, des draps, très certainement. Le reste, ce qui n’entrait pas dans la deuxième machine (notre amour?), je l’étendais sur le séchoir mobile. Cela consistait ma seule tâche dévolue car cette compétence n’entrait pas vraiment dans les attribution d’Alain. Il faisait quand même tout le reste, ou à peu près, mon lavendier. Dès le placement de nos achats raisonnés de machines, nous avions disposé ce portique à leurs côtés. Mais notre buanderie était petite, en secouant le linge pour le pendre et pour qu’il sèche sans trop de plis, je frappais sur les murs que j’imaginais pouvoir reculer. La petite pièce donne sur le couloir, je vous l’ai dit, qui forme un angle avec notre atelier…

Un beau dimanche, notre sèche linge est tombé en panne. Jusqu’alors, il nous avait été bien utile.

 

Mais avant qu’y avait-il ?

 

Une cave, des caves, grandes où sécher le linge ; le surplus des étages supérieurs.

Mais avant qu’y avait-il ? Des caves, encore plus de caves, de murs et de portes. Des coins et des recoins, du bazar, du matériel de bricolage, des barricades, de la méfiance, une cache sale sous un escalier. Des outils dans tous les sens, des peurs, des enfants (?), des araignées, un peu comme une base d’aménagement des étages supérieurs…

Et maintenant qu’y aurait-il ? Une pièce, deux pièces, un meuble de rangement sur mesure ; un atelier, une buanderie, des sanitaires, un labo photo…peut-être une salle d’expo ? Une annexe, un grand développement des étages supérieurs ?

Et plus tard qu’y aura-t-il ? Une pièce de détente, une remise, une salle de bains, une buanderie ; un hall de rangement prolongeant les étages supérieurs.

 

Ne nous laissons plus dépasser !

 

Et pourquoi cette importance du linge ? Le linge, c’est mon histoire, mon histoire à moi, de ma famille, celle que je n’ai pas pu dire. Du lavoir grande échelle de mes grands-parents, de l’enfance de ma maman, de ses années de fiançailles où elle lavait le linge de papa au service militaire, de ses pensées à Madame Cola, quand elle repasse, de mes pensées, quand je repasse qui volent vers elle, vers elle, vers elles… A qui donc ce soin et cette propreté vont ils donc aller ? A qui mes aménagements et mon loyer ? A qui ma pièce et mes textes rêvés ?…

 

Autre adresse

Et d’un coup de vêtement claqué, ce sera tout le passé qui aura séché ;
à toi, à vous mes héritiers, ne vous laissez pas comme nous dépasser.

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