Lasse de ne parvenir à écrire que de trop rares déchets, elle se retourna et se remit à lire, (dos au mur.) Un tout grand merci à Milady Renoir et Daniel Simon.

Ma vie, se construisant pas à pas, bras à bras, s’est vue un beau (?) jour s’effondrer. Les fondations semblaient solides. Les premières pierres se sont empilées presque toutes seules, un peu trop vite peut-être ; et c’est dans mes premières années que se sont probablement décidés cette déviation, ce défaut de construction, ce vice caché (?), mais qui m’inspirent le souhait d’écrire. Ces difficultés et ces vœux, on me les laissa entretenir et même amplifier. Mon mur s’appuyait sur un échafaudage bien fragile ! Pourtant, une telle accumulation d’événements portant au doute n’étaient pas faits pour rassurer sur mon avenir. Je construisis donc le bas mur de mon enfance avec une part d’oubli. (L’oubli : aux heures où le jour tombe et a pourtant déjà laissé sa place à la nuit, c’est un peu cette sonorité, atmosphère d’avant repas qui surnageait dans la cuisine peu habillée. Maman s’y affairait, tandis que Papa, dans le train, reviendra peut-être sûrement pour souper.) Certes, cette innocence, ce vide, furent aussi colmatés avec l’intérêt pour les activités des grands (le jardinage, la cuisine- encore elle-, les calculs et autres matières presque scolaires,…), mais également piqués ça et là d’une sorte de nostalgie pour les trésors rassemblés, et presque aussitôt éparpillés de ma, devenue mythique, boîte secrète. Les cours de dessins où je réalisai certaines prouesses (?) me permirent d’ajouter des moellons essentiels à mon mur et me retrouvèrent adolescente, me passionnant pour les arts visuels. Les poèmes maladroits et chansonnettes de mon enfance qui avaient mués assez rapidement en journaux intimes, transpirèrent petit à petit le découragement du début de mes études secondaires. -N’avais-je pas déjà appris tout cela précédemment?-

 

Les désormais trop maigres liens avec les copains et copines de primaires éboulèrent le mur de ma vie affective jusqu’à mi-fondation.

 

La fêlure du millénaire, quant à elle, vit le groupe des adeptes de la photo prêt à se scinder… D’un côté, je percevais toujours les photographes à pellicules, apôtres d’une discipline dont j’étais décidément toujours assez passionnée ; de l’autre, apparaissaient les adorateurs de nouvelles technologies, dont j’avais déjà touché certains ordinateurs, avec méfiance. L’ère du numérique se dévoilait peu à peu.

 

Pour le passage à l’âme adulte, se fût donc encore plus cassant. Ou plutôt, j’avais commencé à imposer mes volontés et presque mon rythme à ma métamorphose, alors que les miens : mes « amies » d’école, me plongeaient dans le sombre du noir et une singulière pauvreté d’échanges. Les miens, (ma famille!) durent bientôt charger les médicaments de me remettre d’aplomb. Cette transition fut décidément bien pénible. Je ne voyais plus du tout vers quoi je me dirigeais. Avenir n’existait plus.

 

Si mon quotidien de trentenaire n’a vraiment plus grand rapport avec ce qui faisait ma vie de jeune adulte, me sont heureusement revenus, redonnés en une sorte de bond,- un saut d’obstacle !, le goût de lire, de construire et le rêve d’écrire. La célébration de la beauté de la nature m’est encore plus indispensable. Aujourd’hui, si le mur de mon living est couvert de livres que je picore régulièrement et savoure dos aux murs, c’est probablement parce que j’ai longtemps lutté contre l’angoisse des évolutions, celles des mondes extérieur et proche, qui m’avait empêché jusqu’à toute concentration. (En plus de cette difficulté, je devrais également mentionner qu’à 18 ans, je ne sus plus du tout vers quelle lecture me tourner : je pensais avoir lu tout ce qui concernait mon âge et ne me considérant pas encore comme adulte, refusais déjà les lectures de grands classiques.) A la maison toujours, différentes tables et bureaux prêts à m’accueillir se répartissent les vis-à-vis des murs des différents étages. J’y dépose mes réflexions, mes petits rangements ; j’y crée visuellement. Je ne vous mentirai pas sur le nombre de dissertations que j’y entame. Aucune ! Même quand elles n’en portent pas le nom, ces matières où il me faut produire des textes d’idées, secs et austères, me font grimper aux…rideaux. J’ai beau commencer à avoir ma propre (?) technique de création, les travaux « sérieux » écrits continuent résolument à m’enquiquiner. Dorénavant, je m’instaure plutôt comme photographe numérique amateur, mais toujours amoureuse du travail, de la poésie progressive des mots et des traits, propriétaire enfin, et fière de ce mélange, de ces choix. Ma maison n’est pas que de papier, elle est aussi de briques et de numérique.

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