Je me souviens…

Je me souviens de charcuteries, de saucisson champignon devenu presque’introuvable en magasin.

Je me souviens du « doré », sorte de saucisson, encore, à la chair beigeâtre et persillée, entouré de couennes dorées, d’où son nom donné familièrement à la maison et bientôt aussi, je l’eus découvert, dans la famille de ma meilleure amie.

Je me souviens de la tête de veau en tortue, dont ma sœur raffolait et qui l’avait appelé du « rouge ». Souvent, les bouchers la confondent avec la tête pressée.

Vous aussi ? Vous aussi ?

Je me souviens du pain « fait maison » de ma maman. Ces tartines qui se défaisaient, ces piques-niques qui ne ressemblaient pas et les questions des copines.

Je me souviens des jours de fête, où maman nous attendait avec une fournée de petits pains tièdes. J’en emmenais parfois chez Catherine, qui s’en régalait, m’enviait et m’en re-commandait !

Je me souviens d’autres mercredis. Nous mangions des pistolets fourrés d’américain, chez Catherine. Il fallait ouvrir de grandes bouches. La croûte, parfois, me blessait un peu et, si pas, il nous restait des miettes légères et craquantes sur les lèvres, quand elles ne s’étalaient pas de la nappe à nos genoux. Après, on balayait.

Je me souviens de mon premier « Journal intime ». C’était en primaires. Je l’avais voulu comme un carnet de prières et méditations. Si je me souviens bien, je commençais par écrire une belle phrase, bien sentie, de louanges. Ensuite, je me faisais une sorte d’autocritique de la journée, espérant être inspirée. Mon écriture alors était petite et resserrée, peut-être aussi parfois en début d’italique. Ce devait être maman qui m’avait lancée sur ce projet, me donnant simplement à entrevoir ce qu’elle avait bien pu écrire dans sa jeunesse, me procurant aussi le cahier brun à spirales déjà un peu dégarni de ses feuilles. A moins que ce ne fut à l’approche de la lecture du journal d’Anne Franck.

Je me souviens d’un deuxième carnet, moins intime. C’était une sorte d’aboutissement du premier, au début des secondaires, cette fois, une mise au propre dans un cahier Atoma jaune de demi A4.

J’y avais collé de belles images couleur de calendrier, illustrant du côté gauche les mémorables belles phrases tapuscrites du côté droit. Un gros travail de mises en pages à l’ancienne surtout ! Exaltée, à cette époque, je fis la grande bêtise de le montrer à mon « ex-ennemie » d’enfance, l’autre Céline de la classe, celle qui me tapait tout le temps.

Je me souviens enfin de ce dernier « journal », assez conséquent pour être mentionné, que je tins de 14 à 17 ans. Le début commençait mal. Je m’y comparais à Anne Franck, y détestais ma mère, y priais en italique… Plus tard, je le lus, relus et essayai de l’annoter. Décidément, ma belle écriture ronde n’y rachetait pas le ton pompeux. Bientôt aussi, j’aurais même honte de ces quelques annotations.

J’ai oublié de me souvenir de :… cet effondrement, cette perte de pédales, d’équilibre…

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