Je vais bientôt mourir. Personne ne le sait encore mais je suis malade. Un mal me ronge depuis que cet ado a manipulé mes jeunes branches. Un mal dont je n’ai pas eu la force de me défaire.
Ces hommes sont quand même incroyables ! Partout, ils ont besoin d’exceptionnel, d’insolite, de curieux ! Pour moi, bouleau au tronc double du parc de Tervueren, ce jeune homme, – un enfant presque – a eut l’idée de rassembler mes jambes pour en faire un corps. Le temps de me souder, le temps d’une rémission et quelques printemps ont passé. J’avais maintenant ma place dans le bois.
Le soleil a pu donner sur mon ventre. De bien-être, j’ai pensé à lui faire des bras. Deux de mes branches se sont écartées et développées.
La tête chevelue, c’est un peu l’un des premiers signes de ma rechute. Et tout à coup, ce grand gamin s’est trouvé une métier, une vocation. Pour le moment, il ne harcèle pas mes semblables, mais j’ai peur. Il s’est mis à la sculpture. Et là, çà va, je ne risque rien car il a débuté avec de la glaise. Mais après, ne lui viendra-t-elle pas l’envie de venir me couper, histoire de peaufiner ce corps de femme que l’on me devine et qu’il a initié ?
Pourquoi les hommes cherchent-ils toujours à voir leurs femmes en nous ? C’est pour scléroser mon corps et redonner priorité à la nature, que ce champignon m’a attaqué. Pour me rendre impropre à ses yeux ?.. Mais qui saura jamais ce que la nature aurait dû devenir, ce qu’elle aurait cherché à nous dire, la place qu’on aurait dû garder.
Cette année, au printemps, je jouerai mon va-tout et lui divulguerai mon nom : je suis la COP 21.